Conjuration Casanova by Giacometti Eric & Jacques Ravenne

Auteur:Giacometti, Eric & Jacques Ravenne [Giacometti, Eric & Ravenne, Jacques]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782266166706
Éditeur: Pocket
Publié: 2006-01-01T23:00:00+00:00

Elle entendit des pas dans l’escalier. Cela faisait pourtant un bon moment déjà que la porte d’entrée s’était ouverte. Qui pouvait monter ? Où était passé le visiteur de tout à l’heure ?

Qu’avait-il fait depuis qu’elle était retournée s’asseoir ?

Cette fois elle n’entendait plus rien. Mais le palier était recouvert d’un épais tapis. Elle retint son souffle. Ce n’était pas possible. Elle délirait. Quelqu’un avait dû rentrer. Simplement en tapant le Digicode. Et elle ne l’avait pas entendu. Simplement. Elle se détendit d’un coup. Elle décida d’aller boire un verre d’eau dans la cuisine. Tant pis, s’il fallait traverser tout l’appartement dans l’obscurité. Maintenant elle était rassurée. C’est alors qu’elle entendit le bruit de la clé dans la serrure.

Elle était déjà au bout du couloir quand la poignée tourna. D’un bond, elle se réfugia derrière la porte entre-bâillée de la chambre d’amis.

L’homme entra lentement. Anaïs ne distinguait que sa silhouette. Avec un peu de chance, il avancerait dans l’obscurité jusqu’au bureau. S’il ne refermait pas la porte à clé, elle aurait le temps de s’enfuir. Mais l’intrus déjoua ses prévisions, il appuya sur l’interrupteur et la lumière inonda l’appartement.

Anaïs se tassa un peu plus derrière la porte. Le visage de l’inconnu restait caché.

Il m’a retrouvée. Ce salaud.

Elle ressentit à nouveau cette sensation acide rongeant ses entrailles. Comme en Sicile. La peur reprenait posses-sion de sa chair.

La même peur. La même haine.

Elle connaissait bien la chambre d’amis pour y avoir couché dans sa jeunesse. Sur le mur face à la fenêtre, son oncle avait accroché une hache primitive qui datait du néo-lithique.

Une longue pierre lourde et ovale enchâssée dans une branche de buis, héritée de son propre grand-père. C’est lui qui avait trouvé la pierre dans un champ du Périgord et taillé une branche pour reconstituer l’arme dans son état d’origine. Anselme tenait beaucoup à cette hache qui lui rappelait ses vacances d’enfant passées en Dordogne.

Il ne se doutait pas qu’elle servirait un jour à protéger la vie de sa nièce. Anaïs avait reculé avec précaution jusqu’au mur. Décrocher la hache de pierre et se remettre aux aguets derrière la porte n’avait pris qu’un instant.

L’inconnu, lui, ne bougeait pas, il contemplait une série de photos dans un cadre. Toutes représentaient Anselme. Il les avait placées dans l’entrée, juste à hauteur de regard des visiteurs. Une vanité parmi d’autres.

Bizarrement, l’homme ne bougeait pas, comme hypnotisé par ce qu’il contemplait. Un soupir lui échappa et, de sa main droite, il frappa à trois reprises son avant-bras.

Anaïs, stupéfaite, l’entendit prononcer un mot qu’elle ne saisit pas. Elle recula légèrement. Elle ne pouvait pourtant pas frapper cet homme par-derrière... Mais les tueurs de Dionysos, eux, n’hésitaient pas.

Elle brandit l’arme au-dessus de sa tête et l’abattit devant elle au moment où l’homme se retournait.

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